Quand la “ruée sur les terres” en Afrique nuit aux populations locales et à l’environnement
Le
rapport du Centre de coopération internationale en recherche
agronomique pour le développement (Cirad) du 16 mai 2022 sur les
investissements fonciers en Afrique livre un bilan critique les risques
liés à l’absence de contrôle sur les transferts fonciers dans les zones
agricoles. Les « Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers »
adoptées en 2012 dans le cadre de l’Organisation des Nations Unies ne
sont que peu respectées et les populations locales sont souvent
spoliées. Les principaux investisseurs – entreprises américaines,
européennes ou chinoises notamment mais aussi entreprises inconnues
enregistrées dans les paradis fiscaux- multiplient les acquisitions
foncières sans tenir compte des réalités et besoins des populations
locales. Résultent de ces manœuvres dont l’opacité a été constatée, des
expropriations sauvages, la spoliation des terres et la mise en œuvre de
cultures intensives sans respect des besoins alimentaires locaux. Les
résultats de l’étude du CIRAD montrent que les pratiques ont peu évolué
depuis le début des années 2000 malgré la mise en place des directives
volontaires. L’analyse s’appuie sur 740 acquisitions foncières de plus
de 200 hectares dans 23 pays africains. Elle révèle que 20% des
acquisitions ont été réalisées en s’affranchissant de toute règle et que
78% s’opéraient en toute ignorance des intérêts des populations. La
Mauritanie et le Soudan affichent un bilan sévère avec moins de 15% des
directives respectées tandis que Le Gabon, l’Afrique du Sud et la Zambie
semblent être de « bons » élèves avec 50% de taux de conformité aux
règles. Ces courses effrénées à l’investissement foncier, initiées à la
fin des années 2000 en lien avec la flambée des prix alimentaires,
constituent également une menace pour le climat dont la Déforestation
massive et la destruction des écosystèmes semblent être les points
d’orgue. Dans ce contexte, les pays développés sont critiqués pour des
agissements en décalage notable avec le discours de protection de
l’environnement.
Source : France 24